Didier Quéval : le chant instrument de recherche historique

Installé à Séné depuis une vingtaine d’années, Didier Quéval est un homme curieux. Il aime comprendre d’où viennent les choses et pourquoi. Il s’intéresse donc à l’histoire locale. Mais, musicien dans l’âme, il en est naturellement venu à collecter des chants populaires… et à les chanter. « J’étais un peu par hasard à Paimpol » confie Didier Quéval. Un heureux hasard puisqu’il raffle le premier prix chez les solistes. Cette récompense, elle, n’a rien du hasard. Depuis plus de 20 ans, le chanteur sinagot d’adoption se passionne pour les chants traditionnels et populaires, en français. « Quand on vit dans un milieu, on a envie de le comprendre. Il y a peut-être une raison si on danse de telle façon dans le pays de Vannes ou si on chante certains textes plutôt que d’autres » estime-t-il. C’est après cette raison qu’il court, sans pour autant exclure un domaine de recherche. Histoire locale, vieux gréements, architecture, musique, tout passe à la moulinette de sa curiosité. Un chant qui a vécu Pour essayer de retrouver les chants anciens de Séné, Vannes et du Morbihan, Didier Quéval va bien sûr à la rencontre des anciens. « Dans leurs témoignages, on retrouve évidemment les grands thèmes maritimes. Mais certaines chansons, connues de Bretagne à la Normandie, ont ici des variantes. Dans l’histoire des Trois bateaux chargés de blé, les chanteurs de l’île d’Arz ajoutent un refrain technique : choquer des boulines et brasses carrées. » Pour lui cette collecte est donc une recherche historique, mais c’est aussi le plaisir de chanter un texte qui a vécu. « Un chant est beaucoup plus fort quand c’est une personne qui vous l’a transmise. » Pourtant ces transmissions sont parfois incomplètes et Didier Quéval a ainsi des bouts de chants à ramer qui cherchent toujours une fin… De la patience A Paimpol en revanche, il a chanté une chanson dont il a trouvé le dernier couplet après des années. « C’est l’histoire d’un bateau pris dans un coup de vent. Les marins, perdus dans la tourmente, prient. Mais ce n’est que plus tard que j’ai su qu’ils atteignaient sains et saufs Belle Ile. Il faut être patient. » La deuxième chanson était sur un thème courant, le départ : « Quand tu as quitté La Rochelle. » Lauréat par hasard à Paimpol, Didier Quéval sera chanteur militant à Mystic. « Les Américains connaissent très peu nos chants de travail et nos chants à danser. C’est une opportunité intéressante pour comparer les structures des mélodies… » Une nouvelle étape pour encore mieux comprendre les chants d’ici. Didier Quéval est passionné d’histoire. Le chant traditionnel en est pour lui une facette.